Lorsque vient le temps d’épargner, le choix entre un REER (Régime enregistré d’épargne-retraite), un CELI (Compte d’épargne libre d’impôt) ou un CELIAPP (Compte d’épargne libre d’impôt pour l’achat d’une première propriété) peut être complexe. Ces trois régimes ont des avantages distincts et sont adaptés à des objectifs différents.
Explorons leurs particularités pour aider à faire le meilleur choix selon les besoins financiers.
1. Le REER : un outil puissant pour la retraite
Le REER est connu principalement pour épargner en vue de la retraite. Les cotisations sont déductibles d’impôt et les revenus générés dans le REER (intérêts, dividendes, gains en capital) sont à l’abri de l’impôt.
Ceux qui ont un revenu se situant dans une tranche d’imposition élevé tirent avantage d’une cotisation REER grâce aux économies d’impôts.
- Pour la retraite : Le REER est un régime idéal si le principal objectif est de constituer un revenu pour la retraite.
- Pour des projets spécifiques : jusqu’à très récemment en 2023, le REER était aussi privilégié pour épargner en vue d’une mise de fonds pour l’achat d’une première propriété. Grâce au RAP (régime d’accession à la propriété) permettant le retrait de 60 000 $ par acheteur admissible.
- Pour l’éducation : Il est aussi possible d’utiliser le REER pour un retour aux études grâce au retrait REEP (régime d’encouragement à l’éducation permanente) qui permet de retirer jusqu’à 20 000 $ sans impact fiscal.
Jusqu’ici, on remarque que l’avantage principal du REER, c’est l’économie de l’impôt. Il est important de noter que, sauf les retraits RAP ou REEP (qui doivent être remboursés selon les règles de chaque régime), tout autre retrait de REER est imposable.
Autre particularité du REER, c’est que les cotisations sont limitées à 18 % du revenu jusqu’à un maximum annuel.
2. Le CELI : une épargne flexible et libre d’impôt
Le CELI est un véhicule d’épargne qui offre une flexibilité exceptionnelle. Contrairement au REER, les cotisations ne sont pas déductibles d’impôt. Cependant, comme le REER, les revenus dans le CELI sont exempts d’impôt. Les retraits du CELI sont également exempts d’impôt.
Les droits de cotisation s’accumulent chaque année dès l’âge de 18 ans.
À qui s’adresse le CELI ?
- Pour ceux avec un revenu plus faible ou moyen : la croyance veut que le CELI est souvent plus avantageux que le REER. Souvent, les conseillers vont suggérer le CELI pour des objectifs à court ou moyen terme : achat d’une voiture, projet de voyage ou fonds d’urgence, rénovation, etc.
- Pour accumuler de l’épargne pour la retraite : le CELI pourrait aussi servir pour l’accumulation en vue de la retraite, surtout pour ceux ayant maximisé leurs REER.
Les grands avantages du CELI sont principalement sa flexibilité au retrait et à la cotisation. Les retraits sont non imposables, sans condition, et les droits de cotisation s’accumulent indéfiniment. Même que les sommes retirées dans une année se rajoutent à partir du 1er janvier aux droits de cotisation de l’année suivante.
3. Le CELIAPP : un outil à privilégier pour les premiers acheteurs
Le CELIAPP est destiné à aider les Canadiens à épargner pour l’achat d’une première propriété. Ce régime combine des avantages du REER et du CELI. Les cotisations sont déductibles d’impôt, mais les retraits (pour acheter une propriété admissible) ne sont pas imposables.
Le plafond de cotisation annuel est de 8 000 $, avec un maximum cumulatif de 40 000 $. On peut investir cet argent et profiter d’une croissance libre d’impôt. Si les fonds ne sont pas utilisés pour acheter une propriété dans un délai de 15 ans, ils peuvent être transférés dans un REER ou un FERR (Fonds enregistré de revenu de retraite).
À qui s’adresse le CELIAPP ?
- Pour les premiers acheteurs : C’est l’outil parfait pour épargner pour une mise de fonds.
- Pour optimiser la situation fiscale : on peut bénéficier de la déduction d’impôt si on est admissible au CELIAPP, même si on n’a pas de projet d’achat de propriété.
4. Quel régime choisir ?
Au-delà du niveau de revenu et du projet, plusieurs facteurs peuvent influencer la décision du choix du régime.
Beaucoup de conseillers suggèreraient le CELIAPP dès un jeune âge, pour accumuler l’argent en vue de l’achat de la première propriété. Toutefois, il faut faire attention, car le CELIAPP a une durée de vie maximale de 15 ans. Donc, conseiller à un jeune client de 18 ans d’ouvrir son premier CELIAPP tout de suite, le contraint à maximiser son régime (40 000 $) ou acheter sa première propriété au bout de 15 ans. Sinon, il devra retirer ces sommes (et payer de l’impôt) ou les transférer dans son REER.
REER vs CELI
L’analyse et les données ci-dessous sont basées sur les types de prestations sociales ou avantages offerts aux résidents du Québec. Les résultats peuvent différer en fonction de la province de résidence. Il est recommandé de consulter un conseiller financier pour une simulation personnalisée.
Souvent, on entend dire : si votre revenu est faible ou moyen, privilégiez le CELI pour profiter de retraits non imposables.
Au-delà du niveau de revenu, il faut considérer la situation familiale et sociale en même temps.
1e exemple : une personne qui vit seule ayant un revenu modeste de 50 000 $
En cotisant 1 000 $ dans son REER, elle obtient une plus-value de 13,63 % sur son investissement. Étant donné que son revenu net se situe dans la fourchette de revenu, où trois crédits sont réduits :
- crédit d’impôt pour personne vivant seule (Qc) : 2,62 %
- crédit pour solidarité (Qc) : 6 %
- crédit pour la TPS/TVH (fédéral) : 5 %
À ce pourcentage, on ajoute les économies d’impôt générées par la cotisation au REER de 26,53 % pour un total de réductions d’impôt de 40,16 %.
2e exemple : une famille avec 2 enfants (âgés de 6 et 17 ans) dont le revenu familial est de 70 000 $ (réparti 60 %-40 %).
En réduisant le revenu familial de 5 000 $ avec une cotisation REER, cette famille obtiendrait un minimum d’une plus-value de 25,35 % grâce à :
- Crédit pour solidarité (Qc) : 6 %
- Allocation famille (Qc) : 4 %
- Crédit pour la TPS/TVH (fédéral) : 1,85 %
- Allocation canadienne pour enfant : 13,50 %
À ce pourcentage, on ajoute les économies d’impôt générées par la cotisation au REER (autour de 26,53 %) pour un total de réduction d’impôt d’environ 51,88 %
3e exemple : considérons encore une fois la même famille, mais avec un revenu familial de 160 000 $ (réparti 60 %-40 %) et qui réduirait son revenu de 15 000 $ avec des cotisations REER. Cette famille obtiendrait un minimum d’une plus-value de 6,89 % grâce à :
- Allocation canadienne pour enfant : 5,70 %
- Allocation famille (Qc) 1,29 %
À ce pourcentage, on ajoute les économies d’impôt générées par la cotisation au REER (autour de 36,12 %) pour un total de réduction d’impôt d’environ 43,11 %.
Comme on peut le constater, les ménages ayant un revenu plus faible ont pu réaliser une plus-value, plus élevée, avec une cotisation REER moins élevée. Ceci est dû principalement au fait que, si le revenu d’un particulier dépasse un certain seuil (autour de 50 000 $), une panoplie de prestations sociales et de crédits d’impôt sont réduits ou deviennent possiblement inadmissibles à ceux-ci.
Un chercheur nommé Claude Laferrière en a fait la démonstration : Courbes de Claude Laferrière
CELIAPP vs REER/CELI
Si on veut acheter une première propriété, dans un délai de 3 à 5 ans, le CELIAPP devrait être la priorité.
Si l’achat d’une maison n’est pas à court terme, il est recommandé d’opter pour le CELI. Sa flexibilité permet de retirer les sommes sans condition, et il demeure possible de les cotiser au CELIAPP et le retirer le jour même en vue de la mise de fonds.
Diversifier
Il est souvent préférable d’utiliser ces régimes de manière complémentaire en tenant compte des droits de cotisation disponibles et des projets à court, moyen et long terme.
Utiliser un :
- CELI pour des projets à court terme ou comme fonds d’urgence.
- REER pour réduire l’impôt, optimiser la situation fiscale et épargner pour la retraite.
- CELIAPP — si admissible — pour maximiser une mise de fonds ou même optimiser la situation de retraite